Dans l'atre flamboyant le feu siffle et détone,
Et le vieux bois gémit d'une voix monotone
Il dit qu'il est né pour vivre dans l'air pur,
Pour se nourrir de terre et s'abreuver d'azur,
Pour grandir lentement et pousser chaque année
Plus haut, toujours plus haut, sa tete couronnée,
Pour parfumer avril de ses grappes de fleurs,
Pour abriter les nids et les oiseaux siffleurs
Pour jeter dans le vent mille chansons joyeuses,
Pour vetir tour à tour ses robes merveilleuses,
Son manteau de printemps de fins bourgeons couvert,
Et la pourpre en automne, et l'hermine en hiver
Il dit que l'homme est dur, avare et sans entrailles,
D'avoir à coups de hache et par d'àpres entailles
Tué l'arbre; car l'arbre est un etre vivant
Il dit comme il fut bon pour l'homme bien souvent,
Qu'à nos jeunes amours et nos baisers sans nombre
Il a prété l'alcove obscure de son ombre,
Qu'il nous couvrait le jour de ses frais parasols
Et nous berçait la nuit aux chants des rossignols,
Et qu'ingrats, oubliant notre amour, notre enfance,
Nous coupons sans pitié le géant sans défense.
Et dans l'atre en brasier le bois geint et se tord.
O bois, tu n'es pas sage et tu te plains à tort.
Nos mains en te coupant ne sont pas assassines
Enchainé, subissant l'entrave des racines,
Tu végétais au meme endroit, sans mouvement
Et conjoint à la terre inséparablement
Toi qui veux etre libre et qui proclames l'arbre,
Vivant, tu demeurais planté là comme un marbre
Captif en ton écorce ainsi qu'en un réseau,
Et tu ne devinais l'essor que par l'oiseau,
Nous t'avons délivré du sol où tu te rives
Et te voila flottant sur l'eau, voyant des rives
Avec leurs bateliers, leurs maisons, leurs chevaux,
O les cieux différents! les horizons nouveaux
Que de biens inconnus tu vas enfin connaitre!
quel souffle d'aventure étrange te pénètre!
Mais tout cela n'est rien. Car tu rampes encor
Qu'on le fende et le brule, et qu'il prenne l'essor!
Et le feu furieux te dévore la fibre
Ah! tu vis maintenant, tu vis, te voilà libre!
Plus haut que les parfums printaniers de tes fleurs
Plus haut que les chansons de tes oiseaux siffleurs,
Plus haut que les soupirs, plus haut que mes paroles
Dans la nue et l'espace tu t'envoles!
Vers ces roses vapeurs où le soleil du soir
S'éteins comme une braise au fond d'un encensoir,
Vers ce firmament bleu dont la gloire allumée,
Absorbe avec amour ton ame de fumée,
Vers ce mystérieux et sublime lointain,
Ou viendra s'éveiller demain le frais matin,
Où luiront cette nuit les spendeurs sidérales,
Monte, monte toujours, déroule tes spirales,
Monte, évanouis-toi, fuis, disparais! voici!
Que ton dernier flocon flotte seul, aminci,
Et se fond, se dissout, s'en va. Tu perds ton etre;
Aucun oeil à présent ne peut te reconnaitre;
Et toi qui regrettais le grand ciel et l'air pur,
O vieux bois, tu deviens un morceau de l'azur
Jean Richepin
Commentaires
Mon monde pris dans l'étreinte d'un tourbillon blanc, ma vision devient floue tant l'abondance des flocons devient importante, le ciel d'un blanc cotonneux épouse la terre recouverte de son manteau d'hiver, plus rien ne défini alors la ligne d'horizon.
Les bouleaux émaciés reprennent des formes joufflues, puis s'inclinent par la charme accumulée comme s'il faisaient la révérence à la terre qui les nourrit.
Une lumière blafarde laisse ses rayons se perdre dans une brume naissante, les gouttières des maisons semblent être décorées de guirlandes de glace, le silence règne, par un seul cri, pas un seul gazouillis se fait entendre, l'endroit semble désert, pourtant il n'en est rien …
bonjour princesse
de la neige encore de la neige, les touristes de février vont pouvoir se régaler avec une quantité de neige très importante dans les stations, en + le weekend dernier le redoux a fait en sorte qu'il y a eu beaucoup d'avalanches donc maintenant le manteau neigeux repartira sur des base solides si le froid persiste !
Je te souhaite une agréable journée
bisous
bonsoir belle Princesse,
encore un très beau texte ma jolie.
Toujours un vent froid, je n'aime pas.
Je te souhaite une douce nuit.
Bon jeudi Princesse
gros bisou affectueux
Cricri
Re coucou,
je ne connaissais pas cette plainte du bois, très beau poème qui dit tout.
Gros bisous Nanou
poussière redevient poussière .......bon mercredi